Selon une étude du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, pas moins d’un bâtiment sur deux présenterait des traces d’amiante dans le calorifugeage et l’isolation en France. Cette statistique alarmante vient renforcer un problème de santé publique majeur, car l’amiante est reconnue pour ses effets néfastes sur la santé.
Autrefois utilisé pour ses propriétés isolantes et sa résistance à la chaleur dans le calorifugeage, l’amiante représente aujourd’hui un danger préoccupant dans de nombreux bâtiments résidentiels et industriels.
Dans cet article, nous examinerons les dangers associés à l’amiante dans le calorifugeage, les techniques efficaces pour en détecter la présence, et les solutions de désamiantage auxquelles vous pouvez prétendre.
Qu’est-ce que le calorifugeage ?
Le calorifugeage est un procédé d’isolation thermique visant à réduire les pertes de chaleur dans les systèmes de tuyauterie, de chaudières ou tout autre équipement industriel ou domestique.
Cette méthode d’isolation consiste à appliquer des matériaux isolants autour de ces installations pour conserver la chaleur, améliorer l’efficacité énergétique, réduire les coûts de chauffage, mais également pour renforcer la durée de vie de l’équipement.
En effet, en plus de son rôle thermique, le calorifugeage peut contribuer à la protection des canalisations contre le gel et à la réduction des nuisances sonores provenant de la tuyauterie dans les bâtiments.
Y-a-t-il de l’amiante dans le calorifugeage ?
Historiquement, l’amiante était largement utilisée pour réaliser le calorifugeage des bâtiments en raison de ses excellentes propriétés isolantes, de sa résistance à la chaleur et de son coût relativement bas.
Dès lors, un grand nombre de systèmes de calorifugeage installés avant la fin des années 1990 contiennent de l’amiante, que ce soit dans les bâtiments industriels, les copropriétés ou les maisons.
Depuis le décret du 24 décembre 1996, l’utilisation de l’amiante est interdite dans la construction et l’isolation en raison des risques qu’elle pose pour la santé des occupants. Les propriétaires de bâtiments construits avant 1997 sont tenus de faire réaliser des diagnostics amiante pour identifier la présence d’amiante dans les matériaux de construction et d’isolation.
En cas de travaux de rénovation, des mesures spécifiques doivent être appliquées pour assurer le retrait de l’amiante. Cette intervention doit être réalisée par des professionnels certifiés respectant les protocoles de sécurité afin de protéger les occupants.
Comment reconnaître l’amiante dans le calorifugeage ?
Sans une expertise spécialisée, il peut être délicat d’identifier des traces d’amiante dans du calorifugeage. Cependant, certains indices peuvent indiquer la présence d’amiante.
Aspect visuel et texture de l’isolant
L’amiante utilisée dans le calorifugeage peut prendre plusieurs formes. Elle peut être présente dans une isolation sous forme de flocage, de plaques rigides, de bandes ou encore de tresses.
Les matériaux de calorifugeage contenant de l’amiante sont souvent de couleur grise, blanche ou brûnatre, et peuvent présenter une texture fibreuse ou poussiéreuse.
Ces matériaux, surtout lorsqu’ils sont anciens, peuvent montrer des signes d’usure et de dégradation, tels que des fissures, des écailles ou une poudre blanchâtre autour des tuyauteries et des réservoirs.
Si l’on prend l’exemple du flocage, un flocage se désagrégeant facilement au toucher qui libère des fibres visibles à l’œil nu est bien souvent un signe de présence d’amiante.
Âge de l’installation
Comme nous l’avons mentionné précédemment, l’amiante a été utilisée dans la majorité des bâtiments et des installations industrielles avant la fin des années 1990.
Si vous avez réalisé le calorifugeage des tuyaux de votre maison avant cette date, il y a de grandes chances que des matériaux contenant de l’amiante aient été utilisés.
Enfin, les plans de construction, les fiches techniques et les rapports d’entretien des installations de votre bâtiment restent le meilleur moyen de savoir à coup sûr si de l’amiante ou non a été utilisée pour le calorifugeage.
Si vous avez le moindre doute concernant la présence d’amiante dans votre habitation, contactez des professionnels qualifiés immédiatement pour réaliser une évaluation en profondeur de votre installation.
Que faire en cas de présence d’amiante dans les tuyaux ?
En cas de détection de présence d’amiante dans la tuyauterie, il est impératif de prendre des mesures immédiates pour garantir la sécurité des occupants.
Avant toute chose, évitez toute manipulation des matériaux suspectés de contenir de l’amiante pour prévenir la dispersion de fibres. Faites appel à des professionnels spécialisés dans le désamiantage. Ils effectueront une évaluation détaillée du système de calorifugeage de votre bâtiment afin de confiner ou de retirer l’amiante présente.
Les matériaux contenant de l’amiante doivent être rigoureusement emballés, étiquetés et transportés vers des installations de traitement, comme des alvéoles de stockage. Après l’intervention professionnelle, des contrôles de qualité de l’air doivent être effectués pour garantir que les locaux sont exempts de fibres d’amiante.
Quels risques présentent l’amiante dans le calorifugeage ?
L’amiante dans le calorifugeage présente de graves risques pour la santé en raison des fibres que l’isolant libère lorsqu’il est endommagé et manipulé. Pire encore, sa détérioration au fil du temps peut libérer de l’amiante.
Après avoir été inhalées, les fibres d’amiante peuvent provoquer de graves maladies respiratoires (fibrose pulmonaire, plaques pleuropulmonaires) et cancérigènes (cancer du poumon, du larynx et des ovaires).
Quel budget pour retirer l’amiante du calorifugeage ?
Le coût du désamiantage de votre système de calorifugeage va être amené à varier selon l’étendue de la contamination, l’accessibilité de la zone à traiter et l’état de dégradation de votre installation.
Le diagnostic amiante, nécessaire avant tout opération de désamiantage, coûte en moyenne entre 200€ et 600€ selon la taille et la complexité du bâtiment.
Le coût du retrait de l’amiante se situe entre 25 et 50€ par mètre carré pour une opération de désamiantage standard. Il peut atteindre les 100€ par mètre carré si les conditions d’accès sont plus difficiles ou les matériaux plus complexes.
Ainsi, pour une petite surface à traiter de 20 mètres carrés, le coût total devrait s’élever à 2000€ maximum. Pour des surfaces plus importantes ou des projets industriels, le coût peut rapidement atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros.
À noter : Le retrait de l’amiante présente dans votre bâtiment nécessite un confinement total de la zone à traiter. Dès lors, il est impossible de rester sur place pendant la durée des travaux. Cela peut entraîner un manque à gagner pour les entreprises affectées, et nécessite une relocalisation temporaire des occupants dans le cadre d’une habitation.
Quelles sont les aides pour le désamiantage en 2024 ?
En 2024, plusieurs aides financières sont disponibles pour les propriétaires souhaitant réaliser des travaux de désamiantage dans leur logement. Ces aides visent à encourager la réhabilitation des bâtiments contenant de l’amiante (calorifugeage, toiture, etc…) afin d’alléger le fardeau financier que ces travaux peuvent engendrer.
- MaPrimeRénov’ Logement Décent : Pour remédier à une situation d’habitat indigne ou dégradé, l’Anah offre une prime au désamiantage pouvant atteindre 80% du montant total des travaux pour les propriétaires occupants, 35% pour les propriétaires bailleurs et 50% pour les copropriétés. Cette prime dispose d’un plafond maximal de 80 000€ HT pour les propriétaires. Pour les copropriétés, aucun plafond n’a été fixé.
- TVA réduite à 10% : Les travaux de désamiantage bénéficient d’un taux de TVA réduit à 10% (contre 20% en règle générale) afin d’encourager les propriétaires à passer à l’action.
- Aides des collectivités locales : De nombreuses aides régionales sont disponibles en France pour réaliser des travaux de désamiantage. Elles peuvent atteindre les 25€ par mètre carré de désamiantage, plafonnée à 25% du montant dans la limite de 80 000€ pour les projets de désamiantage industriel.
En cumulant MaPrimeRénov’, les aides régionales et la TVA à taux réduit, il est possible de couvrir jusqu’à 90% des coûts d’une opération de désamiantage pour un logement individuel, une copropriété ou une entreprise.
Comment se déroule le processus de désamiantage ?
Opération complexe et réglementée, le désamiantage d’un système de calorifugeage ou d’une toiture doit être réalisé par des professionnels certifiés afin de garantir la sécurité des occupants. Voici les principales étapes de son processus.
1. Diagnostic et évaluation
Toute opération de désamiantage débute par une inspection sur site. L’équipe de professionnels va identifier les matériaux contenant de l’amiante et évaluer leur état. Ils vont ensuite prélevés des échantillons des matériaux suspects afin de pouvoir les analyser en laboratoire pour confirmer ou non la présence d’amiante.
2. Planification des travaux de désamiantage
L’entreprise de désamiantage va élaborer un plan des travaux, incluant les méthodes de retrait, les équipements nécessaires, les mesures de sécurité à prendre et les procédures de décontamination.
Afin de débuter les travaux, il est également nécessaire de prévenir les autorités locales et de les faire valider par les organismes de réglementation afin de garantir la conformité des travaux.
3. Préparation du site et retrait de l’amiante
La zone affectée doit être confinée à l’aide de barrières physiques pour empêcher la dispersion des fibres d’amiante.
Selon le type de matériau, les travailleurs vont utiliser différentes techniques pour retirer l’amiante en toute sécurité. Parmi les techniques de retrait de l’amiante du calorifugeage les plus utilisées, on retrouve le raclage, le grattage ou l’utilisation de produits chimiques afin de sceller les fibres d’amiante.
4. Décontamination de la zone et élimination des déchets
Après avoir retiré l’intégralité de l’amiante présente dans les tuyaux calorifugés, les professionnels ont procédé à un nettoyage en profondeur de la zone pour éliminer toutes traces d’amiante restantes.
Pour s’assurer qu’aucune fibre d’amiante ne soit encore présente, des tests d’air vont être effectués en adéquation avec les seuils de sécurité.
Les déchets d’amiante sont transportés vers des alvéoles de stockage de déchets solides, où ils vont être éliminés conformément aux réglementations environnementales.
Pour garantir la traçabilité et la conformité des travaux, toutes les étapes du processus doivent être documentées.
Pour finir, une attestation de désamiantage certifiant que la zone est désormais sûre va être délivrée.